J'écris aux gens qui m'ont marqué d'une façon ou d'une autre au cours de ma vie et à qui j'ai au moins une chose à dire. Je ne souhaite pas nécessairement reprendre contact, mais simplement fermer des parenthèses. Si je ne libère pas ces idées, je continuerai à l'occasion de penser à ce que j'aurais voulu dire, et le fait de continuer d'y penser après tant d'années, avouons-le, c'est une perte de temps.

dimanche 4 novembre 2012

Aveuglement mi-volontaire

Bonjour A,

J'y repense périodiquement, et il faut que je le dise; il aurait fallu que je le dise il y a fort longtemps.

Qu'on se soit rejoints sur Facebook, après plus de cinq ans, ça m'a fait réfléchir. À l'époque, je n'ai pas su te dire ce que j'aurais dû te dire. Je pense à cette fois, dans un restaurant très quelconque de Rosemont, où nous nous étions arrêtés. Tu m'as demandé pourquoi j'aimais passer du temps avec toi. D'une part, ma réponse ne correspondait pas à ce que tu aurais voulu qu'elle soit, et d'autre part, elle ne correspondait pas vraiment à la réalité, mais plutôt à ce que je m'imaginais comprendre de ce que je ressentais à ce moment-là. C'était une époque confuse, et j'avais du mal à interpréter les signaux que je m'envoyaient mes sentiments, outre ceux qui concernaient une idée fixe incarnée par une petite fille rousse...

Je ne me permettais pas d'envisager que nous puissions avoir un lien particulier, toi et moi. Je voulais que ce soit le cas, j'aurais voulu qu'on soit plus proche — de quelle façon? ça, je n'en savais rien, et je n'en sais toujours rien —, mais je t'imaginais hors de portée et je n'ai rien fait pour y remédier. J'ai évité de me lancer à l'eau, j'ai choké. Par aveuglement mi-volontaire, j'ai laissé cette idée fixe ruiner la grande chance que j'avais de te connaître.

Je continue de penser que la communication, la connexion était bonne entre nous. En te retrouvant il y a quelques temps, j'y ai pensé et je me suis dit que j'aimerais qu'il y ait une conclusion. On ne raccorde que difficilement deux chemins qui ont eu tout le loisir de partir dans des directions opposées pendant si longtemps, et je ne cherche pas à revenir en arrière. Ce serait d'ailleurs impossible. J'aimerais donc un épilogue : un café ou un thé, puis dire au revoir.

Si par magie on demeure en contact, tant mieux. Sinon, tant mieux également : la parenthèse aura été fermée correctement.

Qu'en dis-tu?

jeudi 27 septembre 2012

L'appât

Bonjour MC,

Je serai bref. D'une part, je ne souhaite que me disculper d'une connerie, et d'autre part, je n'ai aucun moyen de te contacter, alors ceci sera une rare bouteille à la mer dans le cadre de ce projet.

De mon point de vue, tout ceci n'est l'œuvre que de ton amie R. Ce soir-là, aux Verres stérilisés, c'est bien elle qui a décidé de boire sa tequila en utilisant mes lèvres comme moyen de porter ses tranches de citron à sa bouche. C'était une entrée en matière assez spectaculaire que je n'allais certainement pas refuser, toute inconnue était-elle...

C'est aussi elle qui m'a invité à vous suivre à la maison, et qui a, par la suite, tenté de me forcer à m'intéresser à toi et non à elle. Or, ça ne fonctionne pas de cette façon. Il ne s'agit pas d'une partie de pêche où le brochet peut être leurré et accroché, puis transféré à quelqu'un d'autre pour être ramené à bord. Une fois l'appât écarté de la situation, il n'y a plus de situation.

Tout ceci est une énorme farce... Et ça n'a rien à voir avec toi. Si cette courte histoire t'a provoqué le moindre tort, j'en suis navré, et je n'en suis aucunement responsable, contrairement à ce qu'a bien voulu l'affirmer ton amie subséquemment.

Allez, bonne fin de journée.

A.

Faire quelque chose

Bonjour MÈ,

Ce fut une surprise de recevoir, dernièrement, une invitation de ta part à faire quelque chose. Certes, nous pourrions faire quelque chose.

J'y pense un instant, et je crois qu'on n'a jamais vraiment fait quelque chose, à l'extérieur de quelques rares activités avec des gens avec lesquels nous travaillions, il y a cinq ans et plus. En fait, le seul autre moment où nous avons communiqué depuis cette époque, ce fut lors de cet étrange épisode où j'ai eu l'impression qu'on tentait de me recruter pour une entreprise bien louche.

Le mec avec qui tu m'as mis en contact, qui refusait de me dire de quoi il était question avant que j'accepte de le rencontrer — dans un Dunkin Donut de la rue Wellington, à Verdun, rien de moins! —, et qui a ensuite insisté quand j'ai refusé, il m'est apparu très douteux.

Quoi qu'il en soit, nous pourrions fort bien faire quelque chose, puisque tu le proposes. Dans la mesure où ça faisait déjà partie de mes plans de t'écrire prochainement, je dois admettre que je ne t'aurais pas proposé de faire quelque chose. Ce type de retrouvailles, en ce qui me concerne, a un taux de succès assez limité.

Ceci dit, pourquoi pas... Je serais au moins curieux d'en apprendre davantage sur cette histoire. Un café, un thé, une marche, un burger chez Philippe?

Au plaisir! Et passe une très bonne journée.

A.

jeudi 20 septembre 2012

Pas pour tes jolies jambes

Bonjour B,

Je me souviens que durant les jours qui ont suivi ton arrivée [...], tu as attiré l'attention de bien des jeunes hommes au sein du centre d'appels. Ce fut d'autant plus manifeste que tu en as rapidement été entourée, plusieurs choisissant comme par hasard de changer de place pour se rapprocher. Tu l'avais assurément remarqué, non? Et bien sûr, j'ai joué le jeu.

Je dis que «j'ai joué le jeu» parce que j'admets avoir été surtout intéressé par ta désorientation totale à Montréal et amusé par ta peur du métro, qui, je dois dire, m'amuse encore aujourd'hui. C'est pourquoi je t'ai maladroitement proposé que nous allions voir la ville ensemble. J'aime la ville et je trouvais que c'était une excellente occasion pour moi de la montrer à quelqu'un.

C'est aussi pourquoi j'ai encore plus maladroitement essayé de t'expliquer, peu après, que ma proposition avait été faite justement parce que tu représentais une occasion rêvée de faire un tour de ville, et non pas dans le cadre de ce jeu auquel les gars s'adonnent quand une nouvelle fille arrive : vouloir s'en approcher par tous les moyens possibles pour des motifs parfois douteux.

Je ne me prétends pas plus sage qu'un autre, et c'est un jeu que je connais très bien. Au départ, j'ai été aussi prévisible que les autres. Mais par la suite, mon offre est venue de mon intérêt pour la ville plutôt que pour tes jolies jambes.

Tu sais, je me demande même si tu te souviens que je t'aie proposé cette excursion. Si oui, j'espère que ce qui précède a eu le mérite de clarifier mon intention de départ, sans pour autant nier que tu sois une bien charmante personne.

Je te souhaite une bonne vie, chère. Et si tu ne comprends pas trop pourquoi j'ai pris la peine de t'écrire aujourd'hui, dis-toi que ce n'est pas très clair de mon côté non plus. C'est tout ce qui me restait à dire.

Bonne journée!

A.

Faire de ta vie un enfer

Bonjour D,

À l'époque où nous travaillions ensemble chez cette abomination d'entreprise qu'est Synergie-Contact, tu as fait partie d'un groupe restreint de personnes dont la compagnie m'a toujours été agréable. Ça fait une grande différence dans un tel milieu de travail.

Ceci dit, je sais que je n'ai pas été aussi omni-plaisant, si tu me permets l'expression. Je pense particulièrement à un incident — et c'est là où je veux en venir — où je t'ai malheureusement impliquée dans une situation qui ne t'appartenait pas en affirmant ceci : «Dis-moi son nom, ou je ferai de ta vie un enfer.» Tu te souviens probablement : je voulais connaître l'identité d'un collègue, en lien avec une collègue...

Convenons que c'est bien ridicule, vu d'ici. Mais à ce moment, tu ne pouvais pas savoir ce que j'entendais par «un enfer». Je te confesse que moi non plus. Je bluffais. Par contre, j'ai immédiatement été conscient de la pression indue que je t'imposais, et je m'en suis voulu périodiquement depuis ce jour. C'était lâche de ma part. Je n'aurais jamais dû même amener ce sujet, et voilà : j'en suis terriblement désolé.

J'ai dit tout ce que j'avais à te dire. Je te souhaite la meilleure suite des choses, et bien sûr une excellente journée.

A.

Numéro qui rime

Bonjour  C,

Pour te situer, j'ai été ton collègue chez Vidéotron pendant un bref instant. [...]

Je dois te dire une chose que j'ai souvent pensé à te dire, jusqu'à ce que tu partes en congé et que je ne te revoies plus. Je me suis abonné au câble, à internet et à la téléphonie par câble avant mon arrivée chez Vidéotron. J'ai donc téléphoné au service à la clientèle, et c'est toi qui as pris ma commande de branchement, à l'époque. Ça devait être en 2006.

Or, quand est venu le temps de choisir mon numéro de téléphone, tu m'as proposé un «numéro qui rime». J'ai trouvé la formule très charmante, et je l'ai par la suite utilisée à plusieurs reprises quand ce fut à mon tour de proposer des numéros de téléphone à de nouveaux clients.

Je voulais donc simplement souligner que cette expression, un «numéro qui rime», n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. C'est tout ce que j'avais à te dire.

Au revoir!

A.